Le devenir des églises
Les collectivités face aux défis de mutation du patrimoine religieux
Au cours des dernières décennies, l'évolution de la pratique religieuse a conduit à une baisse de la fréquentation des églises. Or l’entretien de ces édifices constitue un réel investissement pour les communes, dont les ressources financières sont pourtant limitées.
La gestion du patrimoine bâti religieux en France : un défi contemporain
La sécularisation de la société française soulève des questions majeures quant à la gestion du patrimoine bâti religieux. A l’avenir, plusieurs milliers d'édifices religieux pourraient être voués à de nouveaux usages et ces mutations fonctionnelles et architecturales, constituer de véritables défis.
Lorsque le CAUE de Meurthe-et-Moselle s’empare du sujet en 2017, peu d’études s'intéressent à la désaffectation des lieux de cultes et aux moyens d'assurer la reconversion de ces édifices. Ce phénomène connaît pourtant une accélération considérable et doit être appréhendé à l'aune des problématiques liées au renouvellement urbain, à la densification et au développement durable.
L’opportunité d’une coopération franco-québécoise
Si le processus de reconversion et de transformation des lieux de cultes n’en est encore qu’à ses débuts dans les pays méridionaux, il est en marche depuis longtemps en Europe du Nord et en Amérique du Nord, notamment au Québec. Aussi, la coopération franco-québécoise établie autour du projet « Le devenir des églises » a permis d’étudier les modalités d’intervention et de transformation des églises tant au Québec qu’en France. Ce projet a été lauréat de l’appel à projet du Fonds Franco-Québécois pour la Coopération Décentralisée (FFQCD) mis en place par le Ministère français de l’Europe et des Affaires Etrangères et le Ministère québécois des Relations internationales et de la Francophonie.
Du côté Français, cette coopération a été portée par le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle (maître d’ouvrage) et par le CAUE de Meurthe-et-Moselle (maître d’œuvre). Elle a été menée en partenariat avec la Communauté de communes Mad & Moselle, la commune de Baccarat, la DRAC Grand Est représentée par l'Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine et la Conservation Régionale des Monuments Historiques, la Région Grand Est représentée par l'Inventaire général du patrimoine culturel, la Commission Diocésaine d'Art Sacré, l'Association des Maires de Meurthe-et-Moselle, le Laboratoire d'Histoire de l'Architecture Contemporaine (LHAC) de l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Nancy, l’Union Régionale des CAUE de Lorraine.
Du côté Québécois, cette coopération a été portée par le Conseil du Patrimoine Religieux du Québec, en partenariat avec l'Université du Québec à Montréal, la Métropole Régionale de Comté de Bellechasse, Anne Carrier architecture, CLEB-Bâtiment, la Métropole Régionale de Comté de la Matapédia.
Au programme de la coopération
Cette coopération a été source d’échanges et d’inspiration pour les deux délégations. Une première délégation québécoise a été accueillie en Meurthe-et-Moselle en novembre 2017 et une délégation française s’est ensuite rendue au Québec en avril 2018. Enfin, une seconde délégation québécoise a participé aux échanges du colloque de clôture, qui s’est tenu en Meurthe-et-Moselle, les 4 et 5 octobre 2018.
La réflexion a notamment été nourrie par des visites d’opérations de reconversion d’églises (bibliothèque, école de cirque, fromagerie…) au Québec, en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Une enquête de terrain a également été réalisée en partenariat avec le LHAC (Laboratoire d’Histoire de l’Architecture Contemporaine de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nancy), visant à dresser un état des lieux du patrimoine bâti religieux sur le territoire de la Communauté de communes Mad & Moselle.
La production de documents-ressources
Fort de ces échanges, enquêtes et retours d’expériences, le CAUE de Meurthe-et-Moselle a développé plusieurs outils destinés à améliorer la connaissance des parties impliquées dans la gestion des édifices religieux. Un recueil de fiches intitulé « L’élu et son église » aborde les spécificités architecturales de ce patrimoine, ainsi que le contexte législatif qui l’entoure. Elles ont été rédigées avec le concours de l’UDAP 54, la DRAC Grand Est, le Service Régional d’Inventaire et du Patrimoine, la Fondation du patrimoine, la Commission diocésaine d’art sacré, etc.
Retrouvez l’ensemble de ces fiches ici.
Le colloque « Le devenir des églises » : un temps fort de restitution
En octobre 2018, un colloque était organisé pour clôturer deux années de coopération, coorganisé par le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, le CAUE et la Communauté de communes Mad & Moselle.
Des paroles d’experts aux témoignages d’acteurs, les interventions proposées ont permis de faire dialoguer les points de vue sur les enjeux d’héritage et de gestion de ces biens particuliers, sur leur dimension symbolique et sur les dynamiques émergeantes, porteuses de nouveaux usages. Téléchargez le programme complet du colloque et retrouvez l’ensemble des interventions sur notre chaîne YouTube.
Le colloque a également permis d’exposer les conclusions des différentes études menées en Meurthe-et-Moselle et plus spécifiquement sur le territoire de la Communauté de communes Mad & Moselle. Enfin, il a permis de présenter les outils créés à l’intention des élus et des collectivités : un diagnostic territorial, une exposition, un film et une série de fiches pratiques.
Vers des usages partagés ?
Depuis 2018, les enjeux portant sur la gestion du patrimoine bâti sont exacerbés par la baisse des finances publiques. La question des moyens se heurte avec d’autant plus de force aux nécessités d’entretien que la fréquentation ne cesse de se raréfier. A titre d’exemple, le département de Meurthe-et-Moselle compte un nombre important d’églises issues de la Première reconstruction qui, cent ans plus tard, font état de désordres sanitaires dont la gestion nécessite des investissements significatifs.
Alors que les collectivités sont mises face à leurs obligations d’entretien, en tant que propriétaires de ces églises, l’acceptabilité de telles dépenses semble être remise en question par la teneur des débats publics. Si les habitants et les collectivités souscrivent généralement à la nécessité de sauvegarder ces édifices par attachement au patrimoine, ils souhaitent néanmoins explorer les possibilités de faire cohabiter leurs fonctions religieuses avec d’autres usages.
Quelles sont les possibilités réelles de cohabitation ? Qu’en est-il du cadre législatif ? Qui sont les parties prenantes de telles décisions ? Le CAUE de Meurthe-et-Moselle a décidé de poursuivre son enquête pour tenter de répondre à ces questions.
Documents complémentaires
Vidéo
Photographies
Création : 04/12/2019
Mise à jour : 16/12/2019